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lionel sow

Après avoir reçu Bruno Monsaingeon en début d’année, la PMi poursuit ses rencontres autour de la personnalité enthousiaste de Lionel Sow, dont Marcel Weiss nous rappelle combien le jeune chef de chœur français, à seulement 38 ans, a déjà su tracer son sillon parmi les formations parisiennes de renom, du chœur de Notre-Dame de Paris (2006-2011) au chœur de l’Orchestre de Paris (depuis 2011).

Initialement violoniste, Lionel Sow est détenteur d’un nombre impressionnant de prix du CRR et du CNSMD de Paris : harmonie, contrepoint, fugue (dans la classe de Thierry Escaich), direction de chœur (dans celle de Patrick Marco), direction de chant grégorien, écriture XXe siècle et contrepoint Renaissance. Il ne manque pas de cordes à son arc pour diversifier ses activités et ses centres d’intérêt. Mais c’est surtout sa passion pour la vie musicale, la pédagogie, ou plus largement son envie de faire bouger les lignes, qui ressortent de son discours. L’anniversaire de la Philharmonie est évidemment l’occasion de revenir sur les atouts de ce formidable outil.

Parmi eux, Lionel Sow relève l’importance de réunir en un même lieu l’Orchestre de Paris et son chœur, pratique qui a permis à l’ensemble des acteurs en place de mesurer l’importance du travail réalisé par le chœur. Mais l’acoustique de la grande salle doit encore être adaptée aux chanteurs placés en arrière-scène, qui restent à ce jour insuffisamment audibles.

Si Lionel Sow regrette que les chanteurs français soient généralement formés comme des solistes, il concentre depuis un an et demi une partie de son action sur le soutien à un chœur d’enfants extra-scolaire ainsi qu’à un chœur de lycéens. La continuité est privilégiée entre les deux choeurs, avant d’envisager à l’avenir des passerelles avec le chœur de l’Orchestre de Paris. S’il n’y a pas de collaboration avec l’Éducation nationale, il est surtout regrettable de constater le peu de conservatoires impliqués dans l’enseignement de la direction de chœur : un seul – le Pôle supérieur de  Seine-Saint-Denis – pour toute l’Ile-de-de-France.

Pour adapter le chœur à des répertoires aussi différents que Bach et Verdi, Lionel Sow indique qu’il répartit très précisément ses chanteurs en fonction des œuvres données. Ainsi du récent concert Bach/Mendelssohn, où les effets d’allègement résultent d’un choix de jeunes chanteurs pour moitié, tandis que les plus âgés sont privilégiés pour Verdi ou Mozart. Lionel Sow insiste chez Mozart sur le travail autour des modes d’articulation, les pleins et déliés, les désinences, quand Verdi exige un son plus lumineux, avec un spectre aux riches harmonies. Il veille aussi à la disposition des chanteurs, placés un à un, afin d’éviter tout regroupement en fonction de la puissance vocale ou de l’âge. Les voix sont volontiers mélangées, pour Arvo Pärt par exemple, mais réunies par pupitre dès lors que l’écriture se fait plus contrapuntique. Au désir de distinguer dans la voix les harmoniques du son s’ajoutent les questions d’intonation, primordiales. Plus généralement, l’homogénéité du chœur de l’Orchestre de Paris est saluée, même s’il manque de basses 2 et de sopranos lyriques. Tout amateurs qu’ils sont, les chanteurs se comportent en semi-professionnels et les deux tiers d’entre eux prennent des cours de chant individuels (financés à 75% par l’orchestre). Lionel Sow a dû aussi se séparer d’une quinzaine de chanteurs déficients un an après son arrivée. Si certains sont auditionnés tous les ans, la plupart l’est tous les trois ans.

Le répertoire de musique contemporaine est-il accessible au chœur ? Oui, si l’on chante du Philippe Hersant ou si l’on se tourne vers la première partie du XXe siècle jusqu’à Britten, Honegger ou Poulenc. Le chœur de chambre a précisément été créé pour cela. Mais il doit pouvoir faire de la création atonale. Lionel Sow aimerait aussi s’aventurer dans des répertoires moins courus, en musique française notamment, de Lili Boulanger à Florent Schmitt en passant par un oratorio de… Massenet. Le nouveau directeur musical Daniel Harding et son chef associé Thomas Hengelbrock devraient célébrer le quarantième anniversaire du Chœur de l’Orchestre de Paris en janvier 2017, autour d’une création.

Florent Coudeyrat