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gilbert amy dejeunerPour son déjeuner du mardi 8 novembre 2016, la PMi invite une grande figure de la musique contemporaine en la personne de Gilbert Amy. Avec Pierre Boulez dont il fut l’élève puis le successeur en 1967 à la direction des Concerts du Domaine musical, il partage la triple activité de compositeur, chef d’orchestre (il fonde en 1976 le Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio France) et « penseur de la musique ». En 1982, il enseigne la composition et l’analyse à l’Université de Yale avant sa nomination à la tête du Conservatoire national supérieur de musique et danse de Lyon de 1984 à 2000.

Dans un catalogue riche en pièces instrumentales, de chambre et pour ensemble, la voix et le texte occupent une place toute particulière, depuis Œil de fumée en 1956 jusqu’à son opéra Le Premier Cercle, créé quarante ans plus tard à l’Opéra national de Lyon, salué par la critique comme l'un des événements les plus marquants de la création lyrique en France de ces dernières années. Les 5 et 6 novembre 2016, Radio France lui rend hommage pour ses 80 ans à travers une série de cinq concerts intitulée « À la rencontre de Gilbert Amy ».

 

Extrait de l'allocution prononcée par Jérémie Bigorie, secrétaire général de la PMi, à l'occasion de ce déjeuner au restaurant Louvre Ripaille.

« Dans le livre sous forme d’étude et d’entretiens que vous a consacré Pierre Michel (Amy… un espace déployé, Millénaire, 2002), vous insistez sur la jeunesse de Karlheinz Stockhausen et de Pierre Boulez au moment où vous suiviez leur enseignement. Il faudrait cependant ajouter qu’en termes de précocité, cher Gilbert Amy, vous n’avez pas de leçons à recevoir : vous n’aviez que trente-et-un ans lorsque le compositeur du Marteau sans maître vous confia les rênes du Domaine musical ; lors des concerts donnés à Radio France (puis prochainement à Lyon) durant le week-end « À la Rencontre de Gilbert Amy », vous avez tenu à faire figurer des œuvres d’extrême jeunesse, tels le Mouvement pour quatuor de 1958 ou les Variations pour flûte, clarinette, violoncelle et piano de 1956, qui toutes attestent du métier sûr qui était le vôtre… à un âge où la plupart de vos camarades planchait sur les basses chiffrées de madame Yvonne Desportes.

gilbert amy jeremie bigorie

Je souscris à l’avis de Pierre Michel, qui voit en vous l’un des maîtres de l’orchestre. Non pas que je veuille remiser dans l’ombre le reste de votre production, mais sans doute parce que c’est la partie de votre catalogue que je connais le mieux, et la plus présente au disque. Pour mémoire, j’aimerais évoquer ici l’emblématique D’un espace déployé (1972), créé par Georg Solti et vous-même à l’Orchestre de Paris (l’œuvre nécessitant deux chefs d’orchestre), et sa séquence mémorable pour la petite clarinette et la guitare électrique. Au micro de Jean-Pierre Derrien sur France Musique lors d’une émission du « Bel Aujourd’hui » qui vous était consacrée en 1996, vous rétorquiez – je dis cela de mémoire - avec votre modestie coutumière à la question « laquelle de vos pièces préférez-vous ? » qu’il ne vous appartenait pas d’en répondre ; et si la postérité jugeait qu’aucune d’elles n’était digne de survivre, il faudrait en prendre acte. Puissent les concerts parisiens de ce week-end ainsi que l’invitation dont vous faites aujourd’hui l’objet, cher Gilbert Amy, vous convaincre du contraire. »

Photos : © Leszek Bernat